Constellation Eridanus-Nil

On peut voir sous les Pieds de la Constellation d’Orion, un personnage qui ressemble à un serpent à bec d’oiseau portant une couronne se trouvant sur ce qui semble être un bloc de pierre :

Agrandissons-le :

La constellation du Fleuve ou Eridanus est une constellation très particulière. En effet, autant on peut admettre que l’on peut observer dans le ciel des personnages humanoïdes ou des animaux, autant il semble inconcevable qu’on puisse observer un fleuve !

La seule explication de cette étrange constellation serait la forme de ce fleuve, et non pas les roseaux, l’eau, les poissons, les oiseaux, etc…qui en constituent l’apparence. Le Fleuve Eridan nommé ainsi par les Grecs, est en fait le Nil, on l’appelait aussi le « Le fleuve d’Orion » ( on peut en effet observer sur le Zodiaque que ce Fleuve est bien sous le pied droit d’Orion ).

Voici ci-dessous, deux cartes, l’une représentant l’astérisme de la constellation Eridanus et l’une montrant le tracé du fleuve Nil :

ERIDANUS

Le Fleuve Égyptien d’une longueur d’environ 6.500 km est un des plus long du Monde, avec l’Amazone, contrairement au Pô et au Rhône qui à eux deux, représentent à peine 1500 km.
L’Illyrie sur l’Adriatique, où coulerait le Fleuve Eridan, connu actuellement sous le nom Danube, mesure seulement 2875 km.

Le Nil et l’Egypte Antique :

A mesure que Égypte s’est agrandie par les alluvions du Nil, une partie des habitants est descendue vers la Basse Egypte tandis que l’autre est restée en Haute Egypte.

Certains Grecs dont Diodore et Théon d’Alexandrie assurent que le nom d’Eridan remplaça le nom du Nil, Eratosthène dit même qu’Aratus appelle Eridan le fleuve d’Orion.

Le Nil est la voie qu’empruntaient les Égyptiens pour se déplacer, il apporte la vie en fertilisant la terre et garantit l’abondance.

Il jouait un rôle très important du point de vue économique, social (c’était autour de lui que se trouvaient les plus grandes villes. Ce Fleuve nourricier, fut aussi divinisé sous le nom d’Hapy, personnification divine du Nil dans la mythologie égyptienne, la tête de ce dieu est ornée de tiges de papyrus, car cette plante abonde sur les bords du Nil.

La crue du Nil, qui avait lieu chaque été et qui apportait le limon noir permettant la culture de ses rives, est restée longtemps un phénomène inexpliqué. C’est de ce limon noir que vient le nom antique de l’Égypte, Kemet, qui veut dire « la terre noire ».

Le Nil (iteru en égyptien ancien) était donc le cœur de la civilisation de l’Égypte antique. Le Nil a été ainsi la colonne vertébrale de la culture égyptienne depuis l’âge de pierre.
Le changement de climat, et peut-être une trop grande utilisation des terres comme pâturages, a desséché les terres pastorales de l’Égypte pour former le désert du Sahara, probablement vers -8000. Les habitants ont alors vraisemblablement émigré vers le fleuve, où ils ont établi une économie agricole sédentaire et une société plus centralisée.

Le Nil a aussi joué un rôle important dans la politique et dans la vie sociale. Le pharaon gérait la crue en faisant construire des canaux. En échange pour sa gestion du fleuve, les habitants envoyaient au pharaon une partie des ressources qu’ils avaient récoltées.
Le pharaon redistribuait à tous ces ressources pour le bien-être de la société égyptienne.

Le Nil et la spiritualité en Egypte Antique :

Le Nil a été aussi considéré comme un seuil entre la vie et la mort, l’au-delà.

L’Est était considéré comme le lieu de la naissance et de la croissance et l’Ouest celui de la mort, comme le dieu Rê, le soleil, qui subit ces trois états : naissance, mort et résurrection à chaque fois qu’il traverse le ciel vu de la Terre.
Ainsi, tous les tombeaux ont été placés à l’ouest du Nil, parce que les Égyptiens croyaient que pour entrer dans l’au-delà, il fallait être enterré du côté symbolisant la mort du soleil, l’ouest, là où le soleil semble disparaître à l’horizon.

En dépit des tentatives des Grecs et des Romains (qui n’ont pu traverser les marais du Sud), l’amont du Nil est demeuré en grande partie inconnu. Durant la période de Ptolémée II Philadelphe, une expédition militaire avait réussi malgré tout à pénétré assez loin le long du cours du Nil Bleu pour déterminer que les crues de l’été étaient provoquées par les orages de pluies saisonnières dans les montagnes éthiopiennes, ce qui déjà à l’époque déterminait une certaine longueur comparée aux autres Fleuves, ce n’est que bien plus tard, qu’on a conclu que le Lac Victoria est la source du Nil.

Shou-Onouris :

Le dieu Shu ou Shou fût identifié avec le dieu Onuris ou Onouris, appelé alors Onouris-Shu.

Shou-Onouris et sa soeur Tefnout étaient vénérés à Bouto, ils y prennent la forme de flamants roses, c’est sans doute pourquoi, au-dessus du Fleuve à tête de Flamant rose, on voit sur le Zodiaque Egyptien, Onouris qui n’est autre qu’Orion marchant sur le Fleuve Nil.

Le Fleuve et les Flamants roses :

Si on observe bien la forme du fleuve Nil sur le Zodiaque, on remarque qu’il possède une Tête d’oiseau, celle du flamant rose.

Le Flamant rose (Phoenicopterus roseus) est l’espèce de flamant la plus largement répandue.  Le Flamant rose était appelé « Flambant » autrefois. C’est un oiseau de grande taille ( 145cm) avec un long bec recourbé. C’est un migrateur qui le moment venu rejoindra l’Europe pour s’y reproduire. Tous les flamants ne sont pas roses. Il existe environ six espèces différentes dans le monde, dont la coloration va du rouge au blanc.

Le grand bec du Flamant est particulièrement important, il permet de filtrer l’eau et la vase des marécages riches en algues, crustacés et mollusques dont il se nourrit.

C’est ce régime alimentaire très spécialisé qui explique la couleur rose de l’oiseau, mais aussi pourquoi ses plumes ternissent dés qu’elles sont tombées ou arrachées. Sa nourriture principale est une petite crevette, l’Artémia Salina, qui contient un pigment, un caroténoïde qui est responsable de la coloration des oiseaux.

Contrairement à la plupart des oiseaux, à cause de leur taille, les flamants doivent prendre quelques mètres d’élan pour décoller des eaux. Migrateurs, ils volent en formation, en gardant cou et pattes étirés. Les battements d’ailes, puissants et réguliers, les propulsent à 60 km/h sur des étapes de plusieurs centaines de kilomètres.

Cet oiseau peuplait autrefois en nombreuses bandes les bords du Fleuve Nil, très visible par la couleur « criarde » de leurs plumage, les crocodiles pullulaint dans les eaux se régalaient de la chair de cet oiseau mais le marabout est aussi le pire ennemi du flamant rose.

La migration annuelle des Flamants Roses, illustrant ainsi pour la culture très symboliste des Egyptiens, la Crue annuelle du Nil.

Le flamant rose se reproduit en vaste colonies pouvant réunir jusqu’à 200.000 couples monogames.
Les femelles pondent 1 ou 2 œufs dans un nid fait de vase, l’incubation dure 30 jours, dès que les poussins savent marcher, ils rejoignent des « crèches » surveillées par des adultes.

On peut aussi noter que le cou d’un Flamant Rose évoque, selon la forme qu’il prend parfois, la courbe du fleuve :

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On peut voir ci-dessous, la représentation stylisée et symbolique combinant le flamant rose et le Nil entourant le dieu Hapy :

NIL ERIDANUS

Sur le Zodiaque de Dendera, on constate que la tête du flamant rose est reliée à un corps longiforme replié sur lui-même, sans doute parce qu’il semblait grotesque pour le sculpteur de représenter le fleuve Nil déplié. Ce qui est certain, c’est que si les Egyptiens n’avaient pas transmis aux Grecs, l’existence d’une telle constellation, ce ne sont pas ces derniers qui l’auraient vue. En effet, la constellation du Fleuve est une constellation observable dans l’hémisphère sud.

Cette constellation ne peut être observée que si on se rapproche de l’equateur, c’est pourquoi le Temple de Dendera est un bon poste d’observation puisqu’il se trouve au sud de l’Egypte.

Eridanus et les Greco-Romains :

Ovide et ses « Métamorphoses », livre une version du mythe de Phaéton tombant dans le Fleuve Eridan, ce mythe fut illustré par de nombreux peintres dont Rubens en 1636 :

Phaéton se vanta près de ses camarades de son ascendance solaire. Ceux-ci ne le croyant pas, se moquèrent de lui et lui demandèrent une preuve.
C’est ainsi que Phaéton décida d’entamer son voyage jusqu’au palais du Soleil, après avoir parcouru un long et difficile chemin, Phaéton entra d’un pas décidé et alla directement chez son père, à quelques pas du dieu, il dut s’arrêter parce qu’il ne pouvait plus supporter la lumière. Le dieu Soleil lui demanda alors ce qu’il était venu chercher. Phaéton lui répondit que, d’après sa mère, le dieu Soleil serait son père et qu’il était venu demander confirmation.

Hélios/Phoebus ne voulant pas renier son fils confirma les propos de Clymène et afin de prouver, aux camarades de Phaéton, que ce dernier était bien son fils il lui accorda un souhait. Il fit la promesse de lui accorder un vœu.
Phaéton demanda le char de son père et le droit de conduire ses chevaux ailés pendant un jour.
Le dieu du Soleil ne pouvant pas revenir sur sa promesse, fit tout pour convaincre son fils de faire un autre voeu. Celui-ci étant trop dangereux.
Hélios/Phoebus lui dit qu’il est le seul à pouvoir conduire son char et que même le maître de l’Olympe ne pourrait le conduire. Ensuite il lui dit que la route est très dangereuse, mais les tentatives du dieu furent un échec et Phaéton s’élança pour son voyage et comme l’avait prédit son père, il perdit le contrôle du char. Très vite les plus grandes montagnes s’enflammèrent et les fleuves se desséchèrent. Voici un extrait du mythe provenant des « Métamorphoses » :

« Le Nil, effrayé, s’enfuit aux confins du monde et dissimule sa source, qui est encore cachée aujourd’huiLes terres brûlaient et les océans se réduisaient alors, ne pouvant pas supporter davantage cette fournaise, la Mère Terre poussa un grand cri qui parvint jusqu’aux dieux.
Zeus n’eut d’autre choix que de foudroyer Phaéton pour stopper ce chaos, Phaéton tomba alors dans le Fleuve Eridan, dont l’eau éteignit les flammes et lava le corps du garçon. ».

On notera l’évocation du Fleuve Nil par Ovide.

Influence Chrétienne dans l’Astronomie:

Le ciel astronomique fût, pendant un temps, vers le XVII ième Siècle, peuplé des personnages de la Bible, le Fleuve Eridanus fût représenté sous les traits de l’ouverture de la Mer Rouge par Julius Schiller dans son Coelum Stellatum Christianum, daté de 1627.

Schiller Eridanus

Vision astronomique :

Dans le Catalogue d’étoiles « Uranometria » dont les Astronomes modernes se servent comme référence unique, voici la page officielle de Eridanus par Johann Bayer :

eridanus_bayer

L’UAI ( ou IAU en anglais ) c’est-à-dire, l’Union Astronomique Internationale, a simplement tracer son astérisme à l’intérieur du dessin du fleuve que l’on trouve dans le catalogue Uranometria, publié en 1603 :

eridanus-bayer

Cette facilité qu’utilise l’UAI est étonnante pour ne pas dire surprenante, en effet, si Johann Bayer avait dessiné une autre forme pour ce fleuve, l’actuel astérisme de cette constellation serait différent. Cela signifie que sans le catalogue Uranometria, les astronomes modernes seraient incapables d’observer la moindre constellation parmi les étoiles. Mais cela signifie aussi qu’on nous impose de retrouver le dessin figuratif de Bayer parmi les étoiles, ce qui est évidemment impossible.

Sur le Zodiaque de Denderah on remarque que sous le Serpent-Fleuve Eridanus à tête de Flamant Rose, il y a une sorte de rectangle qui pourrait être la Constellation Fornax, le Fourneau représenté par Nicolas L. Lacaille au 18e siècle :

fornax-eridanus-bode-cr

Voici les dessins de cette constellation sur lesquels la majorité des astronomes s’entendent :

Voici un des dessins de la Constellation Eridanus superposé à la Constellation du Fleuve Nil :

Les créateurs du Zodiaque ont du faire preuve d’ingéniosité en ramenant cette grande constellation à des proportions à l’échelle du Zodiaque.

Identification astronomique :

C’est la sixième constellation du ciel de par sa grande taille 1138 degrés carrés, elle contient 300 étoiles.

Les Constellations limitrophes à Eridanus sont : Lepus le Lièvre, Orion, Taurus le Taureau, …

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Cette page fait partie d’un ensemble dont le travail de recherche consiste à décrypter les personnages du Zodiaque de Denderah, ce travail de recherche inclut un Zodiaque-Map cliquable, ainsi qu’une représentation fidèle en très grande taille du Zodiaque de Denderah.

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Si vous souhaitez découvrir l’analyse des 88 constellations, servez-vous de ce lien.

Vous pouvez lire aussi le travail de recherche qui sert d’introduction aux Constellations Égyptiennes à cette adresse :

Lien vers le travail de recherche

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